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Evolution de la recherche en élevage tropical

Dans le cadre du ‘LiveSTOCK Exchange’ organisé par l’ILRI, Mathieu Lesnoff du CIRAD discute des enjeux de la recherche liés à la demande croissante des produits animaux des pays du sud.

Par rapport à l’approche « productiviste » classique des années passées (e.g. « une intervention – une réponse sur la production »), trois évolutions m’ont semblé importantes dans la recherche en élevage tropical. La première est la volonté de mieux étudier les mécanismes d’intégration entre les activités d’agriculture et d’élevage au niveau des fermes et des terroirs villageois.

L’ILRI en recentrant volontairement ses activités prioritaires sur l’étude des « systèmes mixtes agriculture-élevage » a pleinement participé à ce virage. La seconde est la volonté croissante d’analyser les tendances dynamiques passées et futures des systèmes de production, souvent complexes, en interaction avec des facteurs environnementaux (climat, etc.) et humains (démographie, politique, etc.). Ces analyses se situent aussi bien au niveau de petites zones (terroirs, bassins d’approvisionnement des marchés) qu’au niveau continental (Afrique, etc.) et mondial.

L’ILRI a notamment été un moteur des récentes études prospectives continentales, qui ont eu beaucoup d’impact dans les réunions internationales. Enfin, la troisième évolution est la prise de conscience renforcée de l’importance des facteurs liés à la commercialisation des productions d’élevage (accès aux marchés, etc.) : « il ne suffit pas de produire ». Ici aussi la contribution de l’ILRI, a aussi été significative, en créant des unités de recherche spécifiques sur le sujet.

Enjeux de la recherche tropicale

La recherche tropicale actuelle reste basée sur quatre grandes thématiques : production animale/santé animale/commercialisation/environnement. Mais certains enjeux ont fait émerger ou ré-émerger des questions spécifiques de recherche. L’un des enjeux fondamental est de savoir comment répondre à la demande croissante en produits animaux des pays du sud dans les 20-30 prochaines années.

Ceci implique des recherches sur l’augmentation des productivités, mais tout en limitant les impacts des activités d’élevage sur l’environnement et en maximisant l’efficacité écologique des systèmes (on parle par exemple d’intensification écologique). Inversement, l’impact qu’auront les changements environnementaux futurs sur cette productivité (ou durabilité dans certaines zones à risques) est également devenu un sujet d’étude à part entière. L’ILRI joue bien-sûr un rôle dans ces questions, notamment dans ses recherches sur les systèmes mixtes et les études prospectives.

Manque de données

Les difficultés les plus importantes pour la recherche en élevage tropical sont le manque de données et, implicitement, le manque de capitalisation des connaissances scientifiques « dures » sur les systèmes d’élevage et les cheptels. Par exemple, on veut pouvoir modéliser les interactions entre les facteurs environnementaux, les ressources alimentaires et la production des troupeaux, mais il n’existe pas de base de données permettant de réaliser scientifiquement cette démarche en Afrique de l’ouest. On veut pouvoir quantifier la contribution de l’élevage dans l’économie des ménages et des pays, mais on ne dispose pas de données objectives pour atteindre cet objectif. On veut pouvoir estimer les quantités de gaz à effet de serre dégagés annuellement par les cheptels, mais les marges d’erreurs sur les stocks animaux dépassent 300 % dans certains pays. Les exemples sont multiples.

La majorité des enquêtes en élevage tropical aujourd’hui sont des enquêtes transversales rapides dont les résultats restent qualitatifs ou sont souvent entachés d’incertitudes trop élevées pour faire avancer la connaissance scientifique.

De plus, à la fin des 1990, on a cru qu’il n’y aurait plus besoin d’aller sur le terrain et que la technologie (modèles mathématiques/informatiques, données satellitaires, etc.) allait permettre de répondre aux questions.

Mieux évaluer les marges d’incertitudes

Pour faire avancer la science sur les systèmes d’élevage dans les 30 prochaines années, il me semble absolument fondamental que les institutions de recherche remettent en place des dispositifs longitudinaux (sur plusieurs années) pérennes et quantitatifs de collecte de données dans les troupeaux, les fermes et les terroirs. Un autre défi sera de mieux étudier la sensibilité des modèles de prédiction développés en élevage, notamment les modèles utilisés pour réaliser des prospectives ou estimer les contributions économiques de l’élevage ou ses impacts sur l’environnement.

Ceci permettra de mieux évaluer les marges d’incertitudes autours des résultats mais aussi d’identifier les paramètres clés des modèles, avec orientation possibles des dispositifs de collecte. L’ILRI et d’autres institutions comme le CIRAD ont bien-sûr une responsabilité importante et un rôle potentiel majeur à jouer dans ces deux défis futurs.

Contribution de Mathieu Lesnoff, Unité mixte de recherche – Systèmes d’élevage méditerranéens et tropicaux, CIRAD


On 9 and 10 November 2011, the ILRI Board of Trustees hosted a 2-day ‘liveSTOCK Exchange’ to discuss and reflect on livestock research for development. The event synthesized sector and ILRI learning and helped frame future livestock research for development directions.

The liveSTOCK Exchange also marked the leadership and contributions of Dr. Carlos Seré as ILRI Director General. See all posts in this series / Sign up for email alerts

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